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Cinéma documentaire, deux définitions : ChatGPT vs CNC

2023 : année du documentaire en France

L’annonce a été faite officiellement en janvier au Fipadoc, festival international du Documentaire de Biarritz, par Rima Abdul Malak, ministre de la Culture. 

L’initative prise par la Cinémathèque du documentaire, dont Le Lieu documentaire est un des membres actifs, est soutenue par le CNC et la Scam.

Tout au long de l’année, à travers les grands rendez-vous du documentaire, dans des festivals de cinéma ou de fiction audiovisuelle, dans les salles de cinéma et sur les chaines de télévision avec des programmations spéciales, sur les plateformes de vidéo à la demande, des tables rondes, des masterclass de réalisateurs et réalisatrices internationalement reconnus et les talents de la nouvelle génération, l’Année du documentaire 2023 a l’ambition de faire rayonner le genre auprès du public.

Le Lieu documentaire qui intervient principalement en Alsace y participera en renforçant ses actions de programmation autour de cinéastes, de cycles et d’événements tels que Vrai de vrai, festival des Étoiles du documentaire (du 11 au 18 mars 2023), en organisant un ciné-concert exceptionnel. Nous allons intensifier les liens avec les publics, ainsi qu’avec avec des structures — culturelles, sociales, universitaires, professionnelles, réalisateurs et producteurs, et les collectivités qui soutiennent la création audiovisuelle et cinématographique – pour que le cinéma documentaire, plus que jamais en 2023, soit une fenêtre ouverte sur le monde et un lieu d’échanges.

chris marker et guillaume-le lieu documentaire - chatgpt cnc 2023 année du documentaire
Qu’est-ce que le cinéma documentaire ?

Les “définitions” du cinéma documentaire sont aussi diverses et multiples que les regards portés par les cinéastes sur notre monde. 

Nous vous en proposons ici deux évocations qui n’émanent toutefois pas d’un·e cinéaste. La première est proposée par un logiciel dit d'”intelligence artificielle” — ChatGPT 3 — et l’autre, par le CNC – Centre national du cinéma et de l’image animée.

Le cinéma documentaire selon le logiciel ChatGPT 3

« Le cinéma documentaire est un genre cinématographique qui consiste à représenter de manière réaliste et objective des aspects de la réalité sociale, politique, culturelle ou historique. Il se distingue du cinéma de fiction qui crée des histoires et des personnages imaginaires. 

Les documentaires peuvent prendre différentes formes, comme les films d’investigation, les films d’histoire, les films de nature, les films d’arts, les films d’enquête ou les films d’actualité. 

Les techniques utilisées pour réaliser un documentaire peuvent varier également, comme l’utilisation de témoignages, d’images d’archives, d’images de synthèse, d’animation, d’interviews, de reconstitutions, etc. 

Les sujets abordés dans les documentaires peuvent être très variés et peuvent traiter de sujets aussi divers que la politique, l’environnement, la science, la culture, la société, l’histoire, etc. 

Le but du cinéma documentaire est de donner une compréhension plus profonde et complexe des sujets abordés et de susciter la réflexion et le débat chez le public. »

— texte repris ici tel que proposé par le logiciel en ligne ChatGPT 3, le 27 janvier 2023, à la demande de rédiger un texte détaillé en réponse à la question « Qu’est-ce que le cinéma documentaire ? »

 

Que pensez-vous de cette réponse proposée par un logiciel dit d’intelligence artificielle, rédigée en puisant sur les quelques millions de requêtes disponibles avant 2021 sur le web ?
Bluffant, non ? Même si ici, bluffant est à prendre dans les deux sens du mot. N’oublions jamais que le logiciel propose une définition à partir de ce qui domine à un temps T sur le web. Et que les algorithmes sont basés sur des calculs imaginés par des humains qui eux même reproduisent souvent leurs biais cognitifs.   

Chronique d’un été de Jean Rouch - le lieudo cumentaire chatgpt cnc 2023 année du documentaire
"Chronique d’un été" de Jean Rouch | Tamasa distribution
“Le documentaire, une histoire du réel” : un texte proposé par le CNC  

Retour sur les fondamentaux du genre en France et les traces de son évolution. Un parcours qui épouse les soubresauts d’un art au service du réel. 

Nous ne reprenons ici que le début du texte, disponible en intégralité sur le site du CNC.

 
Premières Lumière

Le cinéma est avant tout l’art du réel. Et si la fiction en réorganisant la vie sur l’écran s’est très vite imposée, la pellicule a d’abord imprimé la vérité à vingt-quatre images par seconde. Les frères Lumière inventent le cinématographe et filment la sortie des employés de leur usine à Lyon en 1895. Quelques secondes arrachées au temps qui passe. Le premier film de l’histoire sera donc un documentaire. Mais déjà, un pacte avec le réel se pose. 

Louis Lumière s’est, en effet, repris au moins à trois fois pour enregistrer ce moment et ses figurants, filmés dans un geste de leur quotidien, ont dû le rejouer pour les besoins de cette nouvelle technique. Les hommes, les femmes et même le chien que l’on voit s’agiter sont ainsi devenus les interprètes de leur propre vérité. Dès lors, puisque tout est mise en scène, la notion de ce qu’on n’appelle pas encore « documentaire » n’est pas tant la saisie d’une réalité qu’un regard posé sur elle. Et ce regard n’exclut pas certains aménagements. 

Le réalisateur russe Dziga Vertov dans sa volonté de faire de la caméra un œil qui voit et imprime s’interroge sur la portée de son geste de cinéaste : « Que faire de ma caméra ? Quel est son rôle dans l’offensive que je lance contre le monde visible ? » Un combat serait donc à mener et le cinéma est d’emblée sacralisé pour sa capacité à « réveiller » tout ce qui « dort » autour de nous, condamnés à nous évaporer dans les limbes du temps. Mais l’auteur de L’Homme à la caméra, père des actualités filmées, entend surtout s’affranchir de toutes préméditations dans le récit donc de scénario afin de capter « la vie en elle-même ».

En 2016, sortait en salles Lumière ! L’aventure commence, un film de Thierry Frémaux, dans lequel l’auteur a mis bout à bout une sélection des films signés des frères Lumière. Ce montage donne à voir les multiples prises de vues réalisées par les premiers opérateurs envoyés aux quatre coins du globe pour enregistrer les traces « vivantes » de différentes populations. « Voir des films Lumière interroge ce cinéma des origines autant que ce qu’il est devenu et, peut-être, ce qu’il a perdu : une sorte d’innocence, la simplicité du geste, la virginité du point de vue, confiait Thierry Frémaux à la sortie du film. 

Lumière utilise la technique pour poser sur le monde un regard proprement cinématographique et cela, on l’ignore. Voir des films Lumière, c’est comme se laver les yeux : il y a le geste du cinéaste, mais cent vingt-cinq ans plus tard, il interroge aussi le geste du spectateur. »

 

Cinéma, ce beau mensonge

 

Cette façon « innocente » d’appréhender le réel change en fonction des évolutions techniques. Le cinéma est encore jeune, mais l’art du montage et des mouvements de caméra forcent à repenser la notion même de vérité. Cinéma, ce beau mensonge. Pourtant, c’est par un jeu d’identification entre les sujets filmés et les spectateurs que la vie telle qu’elle est peut surgir. 

Ainsi, avec Nanouk l’Esquimau (1922), le Britannique Robert Flaherty documente le quotidien d’une famille inuite par des jeux de mise en scène. L’igloo de Nanouk a, par exemple, été éventré pour que la caméra filme sans entrave l’intérieur de l’habitat et montre la famille au moment du coucher. Cette reconstitution permet de s’approcher au plus près de l’intimité de ces êtres, créant un rapport direct avec celui qui les regarde dans une salle de cinéma à des milliers de kilomètres. 

Pour exprimer cette complicité, le réalisateur et théoricien du cinéma documentaire, Jean-Louis Comolli ne parle plus de mise en scène mais de « mise en commun ».

Extrait de Cinéma documentaire, fragments d'une histoire de Jean-Louis Comolli LesFilms d'Ici / Mouvement / INA - Institut National de l'Audiovisuel / Documentaire sur Grand Écran

Au cours des années 20, des cinéastes avant-gardistes poussent ces expérimentations encore plus loin et ne cherchent plus à donner l’illusion d’une vérité. Ils font voler en éclat les lois de la perception « naturelle » et « bricolent » les images du réel : la caméra opère des décadrages volontairement outranciers, s’emballe dans des mouvements énergiques, les plans se superposent… En France, Jean Epstein (Finis Terrae, Mor’vran, L’Or des mers…) et Jean Vigo (À propos de Nice) offrent par leur technique « révolutionnaire » des possibilités visuelles nouvelles.

L’avènement du cinéma parlant à l’orée des années 30 change encore plus la donne. Et en attendant une synchronicité parfaite, les cinéastes placent leurs voix sur les images encore muettes et commentent l’action. Un geste qui renforce un peu plus la subjectivité. Dès lors, un film documentaire peut autant se muer en outil de propagande qu’en un film à visée éducative et scientifique, voire sociologique. L’heure ne semble plus aux emballements formels mais à une volonté de communication, de transmission. 

L’arrivée de la Seconde Guerre mondiale, avec son extrême violence, obligera bientôt l’humanité à repenser son devenir et sa nature profonde. Et les cinéastes se réclamant du documentaire participeront à cette remise en question (…) »

“Qu’est-ce que le cinéma documentaire ?” 
“Comment filmer et raconter la réalité ?”

Votre point de vue sur ces questions nous intéresse. 

Vous pouvez nous faire parvenir vos textes, images et / vidéos, ainsi que vos suggestions de films qui pourraient entrer dans le cadre d’un cycle consacré à l’histoire du documentaire, via ce formulaire.

Nous serons heureux de les publier au fil de l’eau sur notre site et de tenir compte de vos suggestions pour les programmations à venir.

Par ailleurs, nous allons de notre côté continuer à recueillir des interviews et des propos de cinéastes, de spectatrices et spectateurs de tous horizons, de professionnels et d’amateurs, pour établir une galerie de “points de vues”.

Ces extraits seront réunis sur les pages “Définitions du cinéma documentaire” et “Portraits” sur notre site.

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