Le parcours migratoire de Sabine commence au Cameroun dans les agences de recrutement pour femme de ménage au Liban. Sabine séjourne au Liban où elle est réduite en quasi esclavage. Elle quitte le Liban pour la Belgique. Elle arrive au quartier Matongé à Bruxelles où elle est gérante d’un salon de coiffure en attendant que sa situation se régularise.
Dans ce salon de 8m2, Sabine et les autres coiffeuses s’organisent et s’entraident pour faire face à la clandestinité. Elles travaillent 13 à 14 heures par jour sous la menace de la police qui patrouille et le regard des touristes de tout âge qui les regardent et les photographient comme des objets en vitrine.


L’AVIS DE TËNK
Rosine Mbakam, réalisatrice camerounaise, filme le petit salon de coiffure de Sabine comme une chaleureuse oasis au cœur d’un désert de solitude et de violences.
À l’extérieur, c’est l’hostilité : des hommes qui zonent, des touristes qui se croient au zoo, des policiers qui font des descentes de contrôle d’identité.
Mais à l’intérieur, au milieu des gestes précis et rapides, qui tressent et coiffent sans relâche, se partagent les parcours douloureux de chacune pour arriver jusqu’en Belgique et pour tenter d’y rester.
Bien que construit autour du personnage charismatique de Sabine, à l’humour et aux coiffures enthousiasmantes, c’est un portrait choral de la lutte de ces femmes réfugiées et de leur solidarité qui se déploie ici.
Lysa Heurtier Manzanares
Réalisatrice

Portrait de Rosine Mbakam par Lore Thouvenin (D.R.)
Rosine Mbakam a grandi au Cameroun. Elle choisit très tôt le cinéma et se forme à Yaoundé grâce aux équipes de l’ONG italienne COE (Centro Orientamento Educativo) où elle est initiée à l’image, au montage et à la réalisation dès 2000. Elle collabore et réalise plusieurs films institutionnels pour cette structure avant d’intégrer en 2003, l’équipe de STV (Spectrum télévision) dirigée par Mactar Sylla. Pendant quatre ans, elle cumule les postes de monteuse, réalisatrice, présentatrice, responsable des programmes.
Mue par l’envie de developper son regard cinématographique, elle intègre l’INSAS (Institut National Supérieur des Arts du Spectacle et des Techniques de Diffusion) à Bruxelles en 2007. Diplômée en 2012, elle réalise un premier court métrage de fiction « Tu seras mon allié » qui est sélectionné dans plusieurs festivals internationaux.
Dans une volonté d’indépendance, elle fonde en 2014 avec Geoffroy Cernaix, Tândor Productions, en Belgique. En produisant ses films, elle cherche à défendre la singularité de son regard. Elle réalise « Les Deux Visages d’une femme bamiléké »son premier long métrage documentaire en 2017, qui est sélectionné dans plus d’une soixantaine de festivals (IFFR Rotterdam, Fespaco…). Son film suivant « Chez jolie coiffure » connait une audience encore plus
large (DOK Leipzig, True/False, AFI Fest Los Angeles, Fespaco…). Les deux films sont salués par la critique […]
Dans la foulée, elle initie Caravane Cinéma qui assure la diffusion de films africains dans les quartierspopulaires des grandes villes camerounaises dans le cadre de projections en plein air.
Son troisième long métrage documentaire « Les Prières de Delphine », lui aussi sélectionné dans de nombreux festival, sort en salles en 2024.
En collaboration avec An Van Diederen et Eléonore Yameogo, elle a co-réalisé le long métrage documentaire « Prisme » sur la problématique de filmer la peau noire.
Son film le plus récent « Mambar Pierrette » a été présenté à la Quinzaine des Cinéastes à Cannes en 2024.
Elle partage son temps entre sa structure de production (Tândor Productions en Belgique et Tândor Films au Cameroun) où elle travaille sur plusieurs projets et ses activités d’enseignante au sein du KASK à Gand (Belgique).
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