La collection Les Hommes-livres comporte vingt portraits d’écrivains. Jérôme Prieur, écrivain et réalisateur de documentaires a été pour l’Ina directeur de cette collection. Ces portraits sont souvent des dialogues et à chaque fois les intermédiaires, écrivains, réalisateurs, critiques littéraires, éditeurs ou universitaires sont des familiers de l’œuvre capables de communiquer leur passion de lecteur.
« Je suis maintenant un vieil homme et, comme beaucoup d’habitants de notre vieille Europe, la première partie de ma vie a été mouvementée », disait Claude Simon dans son Discours de Stockholm, en décembre 1985. Révolution espagnole, Seconde Guerre mondiale, camps de prisonniers, évasions, maladies, voyages : de ces composantes, brièvement évoquées, d’une vie « assez mouvementée », le prix Nobel de littérature se refusait à tirer d’autre conclusion que celle-ci : « Je n’ai encore, à soixante-douze ans, découvert aucun sens à tout cela. Comme on voit, je n’ai rien à dire, au sens sartrien de cette expression. » Filmer trois journées d’entretiens avec Claude Simon, dans sa maison de Salses, doit tenir compte de cette donnée fondamentale : l’écrivain n’a « rien à dire ».