À la naissance du cinématographe, Albert Kahn né à Marmoutier en Alsace le 3 mars 1860 et décédé à Boulogne-Billancourt le 14 novembre 1940) , banquier devenu milliardaire, décida de constituer « les archives de la planète », à savoir filmer la vie des peuples du monde, leurs mouvements et leurs conflits.
Amateur de jardins et de philosophie (il était l’ami d’Henri Bergson), spéculateur au grand flair, Kahn était un homme secret et mystérieux, qui refusait paradoxalement d’être pris en photo.
Ce grand voyageur découvrit avec surprise que le monde n’était pas tel que les livres le lui avaient décrit : il décida donc de le montrer. 140 km de pellicules, 70.000 photographies et de nombreuses publications d’analyses distribuées gratuitement témoignent de cette profession de foi singulière. Grèves, crises économiques, batailles, congrès, situation du Tiers Monde et de l’Extrême-Orient, montée du nazisme, ses films sont les témoins acharnés de l’histoire politique et sociale du début du XXe siècle.
Mais qui était cet homme qui aurait dû être le roi du tout Paris et qui se cachait au fond de son parc à Boulogne, dans cette grande maison, où il vivait tout seul, reclus, sans femme, sans enfant, sans famille ?

Après des études d’histoire et d’histoire de l’art à Strasbourg, Robin Hunzinger suit des études de Cinéma à Jussieu avec Jean Douchet, Jean Rouch et Bernard Cuau. Depuis il réalise des films documentaires autour de l’histoire, de la guerre, des traces de la mémoire, de l’homme face à l’impensable et de la nature. C’est un homefilmaker. Il écrit, lit, refilme, scanne, recadre, retraite, enregistre, monte et remonte, seul (souvent) dans son studio aménagé dans les Vosges.
Parmi ses principaux films, il faut citer « Où sont nos amoureuses », « Vers la forêt de nuages », « Le recours aux forêts » et en 2021, « Ultraviolette et le Gang des cracheuses de sang » (avec un scénario co-écrit avec Claudie Hunzinger). Ses films ont été présentés dans de nombreux festivals : Cinéma du réel (Paris), Etats généraux du film documentaire de Lussas, Festival international du film de Rotterdam, Festival de Thessaloniki, Festival de Beyrouth, FIGRA…
Il a obtenu trois étoiles de la SCAM (2007, 2008, 2018), mais aussi le Grand prix du festival Traces de Vie en 2008, le Ahmed Attia Award au MEDIMED en 2011, le Prix international FREEDOM au Luxor African film festival, le Prix spécial du Jury au Festival international Panafricain de Cannes et le Best Documentary Feature Film au Martinique international Film Festival en 2016, le prix du film d’éducation 2019 au festival international du film d’éducation (Evreux).
(Source : tënk et auteur)


Partager le monde : le musée départemental Albert-Kahn
Le musée départemental Albert-Kahn est consacré à la conservation, la diffusion et la valorisation de l’œuvre d’Albert Kahn (1860-1940), banquier philanthrope et humaniste, qui mit sa fortune au service de la connaissance, de l’entente entre les peuples et du progrès.
De cette œuvre foisonnante, le musée conserve des collections photographiques et cinématographiques uniques,les Archives de la Planète (1909-1931) et un précieux jardin à scènes paysagères qui fut le cadre de vie et d’inspiration du banquier. Ces collections, restées relativement confidentielles au XXe siècle, s’ouvrent désormais au plus grand nombre, sur le site même de leur conception, la propriété d’Albert Kahn à Boulogne-Billancourt.
Aujourd’hui, l’identité du musée, s’appuyant sur la singularité et la richesse de ce projet hors norme, se veut plurielle : un musée d’images tourné vers les questions de société, profondément ancré dans un lieu qui met le monde à portée de main.