agnes varda - les glaneurs et la glaneuse - le lieu documentaire
Le rencard de midi

« Les glaneurs et la glaneuse » de Agnès Varda

mercredi 11 février 2026
à 12:30
Le Lieu documentaire, Maison de l'image, Strasbourg

Projection gratuite de « Les glaneurs et la glaneuse » de Agnès Varda (82 mn, 2000) suivie d’un échange avec les spectateur·ices, dans le cadre de notre nouveau rendez-vous : « Le rencard de midi » autour d’un classique du cinéma documentaire.

Entrée libre et gratuite, dans la limite des places disponibles.

Info : la salle de projection du Lieu documentaire est accessible aux personnes à mobilité réduite. Des places PMR sont dédiées au premier rang.

  • Agnès Varda
1996
82'
  • Ciné-Tamaris

On ne peut plus regarder comme avant ceux qui soulèvent les couvercles des poubelles…

Un peu partout en France, Agnès a rencontré des glaneurs et des glaneuses, récupéreurs, ramasseurs et trouvailleurs. Par nécessité, hasard ou choix, ils sont en contact avec les restes des autres. Leur univers est surprenant. On est loin des glaneuses d’autrefois qui ramassaient les épis de blé après la moisson. Patates, pommes et autres nourritures jetées, objets sans maître et pendule sans aiguilles, c’est la glanure de notre temps. Mais Agnès est aussi la glaneuse du titre et son documentaire est subjectif. La curiosité n’a pas d’âge. Le filmage est aussi glanage.

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Partout en France, à l’orée des années 2000, Agnès Varda a rencontré des glaneurs et des glaneuses souvent poussés par la nécessité, parfois par un choix de vie. Patates, pommes, raisins et autres nourritures jetées, objets mis au rebut sont leur maigre viatique. La cinéaste glane de son côté des images en s’interrogeant sur sa vie et son métier. (site « Les Yeux doc »)

Le sujet, placé sous le signe du célèbre tableau de Millet, est introduit par la lecture du dictionnaire qui rappelle l’origine ancienne du glanage et son sens très concret : ramasser sur le sol ce qui reste après la récolte. Si la poésie se déploie délicieusement tout au long du film, l’exactitude de l’information n’en est pas évacuée pour autant. On assiste ainsi à des épisodes burlesques mettant en scène deux (vrais) avocats, l’un expliquant la législation sur le glanage au milieu d’un champ d’artichauts, tandis que l’autre pérore sur celle des objets abandonnés devant une montagne d’encombrants. Nulle part ailleurs que dans le cinéma d’Agnès Varda, à quelques exceptions près (Moullet, Pazienza…), la veine documentaire ne s’accorde aussi spontanément avec la plus totale fantaisie.

Pointant dans la filmographie de Varda après une longue suite de fictions, dont la dernière en 1995 a été un échec cuisant, « Les Glaneurs… » est le film du retour au cinéma, fait de contacts physiques et d’échanges directs, facilités par l’apparition des petites caméras qui tiennent dans la main. Un « film-je » où la voix d’Agnès Varda joue un rôle de premier plan, selon un parcours qui se construit librement, au fil des associations d‘idées de la filmeuse-glaneuse. Une première étape conduit la petite équipe de tournage dans la Beauce, où cohabitent agriculteurs et glaneurs. Plus tard, des rencontres avec des viticulteurs montrent que la tolérance envers les glaneurs et grapilleurs n’est pas la chose du monde la mieux partagée. 

Agnès Varda mène aussi son enquête à Paris, sur les marchés où une population assez âgée et aux moyens modestes attend le départ des commerçants pour tenter de récupérer des fruits et légumes réputés invendables. Une occasion de parler de la précarité, comme la récupération d’objets en est une autre de parler de l’art et des artistes, qui sont de grands chineurs d’ustensiles improbables. Le film n’échappe pas à une certaine mélancolie lorsque Varda filme les taches brunes sur sa peau, signe de la vieillesse qui s’installe. Il ne faut néanmoins pas se fier à cette allusion insistante à la (sa) mort : après « Les Glaneurs… », la cinéaste devenue plasticienne à l’occasion de plusieurs expositions a continué à nous faire partager sa vie à travers d’autres documentaires, dont l’inoubliable « Les Plages d’Agnès ».

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L’AVIS DE TËNK

Dans toute son œuvre, Agnès Varda, sensible à la nouveauté, a été guidée par la curiosité qu’elle porte aux choses qui l’entourent. Ici, à travers la pratique du glanage remise au goût du jour, par nécessité ou par plaisir, elle interroge l’opulence de nos sociétés. Découvrant les nouvelles possibilités qu’offrent les petites caméras DV, elle signe un film où l’inventivité formelle résonne comme un hommage à l’art du bricolage, de la récupération et du détournement.

— Brieuc Mével
Coordinateur réseau d’éducation populaire à l’environnement et au développement durable

agnes varda - le lieu documentaire

Cinéaste française née en 1928, Agnès Varda passe son enfance en Belgique puis à Sète. Après des études aux Beaux Arts et à l’École du Louvre, elle devient la photographe du TNP (Théâtre national populaire) aux côtés du metteur en scène Jean Vilar dans les années 1950. Elle tourne son premier long métrage en 1954, « La Pointe Courte », qui l’inscrit dans le cinéma de la Nouvelle Vague.

La suite de sa carrière sera riche d’une trentaine de films, fictions ou documentaires, parmi lesquels on peut citer des classiques tels « Cléo de 5 à 7 » (1961) et « Les glaneurs et la glaneuse » (2000).

L’ensemble de son œuvre cinématographique est récompensée par un César d’honneur en 2001, par le prix René-Clair de l’Académie française en 2002, par une Palme d’honneur au Festival de Cannes 2015, par un Oscar d’honneur reçu en 2017 et par la Caméra de la Berlinale en 2019.

Elle est décédée chez elle, rue Daguerre, entourée de sa famille, ses collaborateur·rices et ses ami·es – sans oublier ses chats – le 29 mars 2019.
(Bio sur Tënk)

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