LE CHANT DES VIVANTS
Cin’ÉpingleCycle | Le documentaire, engagement citoyen

« Le Chant des vivants » de Cécile Allegra

mercredi 19 novembre 2025
à 19:00
Le Lieu documentaire, Maison de l'image, Strasbourg

Projection du film documentaire « Le Chant des vivants » de Cécile Allegra (82 mn) proposée par l’association L’Épingle en partenariat avec Le Lieu documentaire.

La projection est animée par des membres de l’Épingle, association, et lieu de recherches, de débats sur les pratiques éducatives, sanitaires et sociales.

Entrée libre et gratuite, dans la limite des places disponibles.

Info pratique : la salle de projection du Lieu documentaire est accessible aux personnes à mobilité réduite.

  • Cécile Allegra
2022
82'
  • TS productions

Survivants de la longue route de l’exil, de jeunes filles, de jeunes hommes, arrivent à Conques, au cœur de l’Aveyron. Là, une association, Limbo, entourée d’habitants accueillants, permet au groupe de se poser un temps. Ces jeunes sont issus d’Érythrée, du Soudan, de Somalie, de Guinée, de RDC.

À Conques, ils marchent, discutent, respirent… Peu à peu, le souvenir de la route s’atténue, et la parole renaît. Alors un jour surgit une idée un peu folle, celle d’une expérience collective.

L’histoire commence à l’automne, dans ce petit bout de France, et se termine en juillet, dans l’éclat d’un été. De toutes leurs épreuves, ils feront une chanson.

Le Chant des vivants - Cécile Allegra - Le Lieu documentaire-aff

L’AVIS DE TËNK

Au terme d’innombrables tourments et de drames innommables, un groupe de migrant·es, vivant·es, rescapé·es plutôt, est réuni. Le recueil de leurs tragédies individuelles, émis à grand peine, à peine audible, marque la première force du « Chant Des Vivants » : nous rendre témoin du travail délicat des deux passeurs, Cécile et Matthias, recueillant les stigmates de passés encore à vif. Ils en feront émerger des mots, des phrases, des rythmes et des mélodies, élaborant avec chaque participant·e une ossature de chanson dont la force vitale crée peu à peu une brèche dans le désespoir, un mécanisme quasi alchimique de résilience naissante. Ce processus contamine la forme même du film qui ose emprunter aux codes du clip et de la comédie musicale, la matière lui permettant de rejoindre et de magnifier cette alchimie vitale.

— François Waledisch, ingénieur du son

cecile allegra - le lieu documentaire

Née à Rome, depuis 30 ans à Paris, Cécile Allegra a réalisé de nombreux documentaires (plus de 20 prix en France et à l’étranger). En 2015, elle reçoit le prix Albert Londres pour « Voyage en barbarie », coréalisé avec Delphine Deloget, l’odyssée de six survivants de camps de torture, de l’Égypte à la Suède. En 2016, elle fonde l’ONG Limbo, qui soutient les survivants des camps de torture dans leur parcours de réparation.

Elle publie « Le Salaire des enfants », finaliste du Prix du livre européen (2017). Sa première série, « 800 fois le Watergate » reçoit le soutien de la FAIA (Itinéraires). En 2019, lauréate de l’Institut de Story-telling à Cannes, elle écrit le long métrage « Vésuvio » (Picomedia). En janvier 2023, « Le Chant des vivants » sort en salles : plus de 13 000 spectateurs (produit par TS) viennent voir l’histoire d’une année passée avec un groupe de rescapés des camps de torture pour écrire leur chant de l’exil.

Parallèlement, elle développe « The Fix », un thriller mafieux-sportif, avec Nils-Antoine Sambuc (En Thérapie) & Alex Kendall (produit par Entre 2 et 4). En tant que scénariste, elle se distingue par sa capacité à donner corps, à travers la fiction, à des histoires largement inspirées de son expérience de documentariste, avec l’urgence de raconter des histoires de résistance, tant en Italie que dans le reste du monde.

Elle développe aujourd’hui plusieurs projets de fiction, en prenant toujours le parti d’un cinéma engagé.

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LE POINT DE VU DE L’ÉQUIPE DE CIN’ÉPINGLE

« Le chant des vivants » de Cécile Allegra ouvrira la réflexion sur l’exil que nous avons décidé d’entreprendre cette année.

L’angle que nous avons choisi est celui du récit, plus exactement des récits qui s’en peuvent faire. « Le chant des vivants » s’écrit en filmant, au sens où le récit avance, hésite, est suspendu ou trouve subitement sa voie, prend le temps et personne ne peut présager de ce qui va suivre; tout peut survenir et surprendre : un souffle, un mot, un silence, un soupir, une croche, une noire, une blanche, sur la portée du regard, sur celle de la voix …

Nous intéresser à l’exil sous l’angle des récits est une façon d’hospitalité qui exige de nous, concrètement, de ne conditionner l‘accueil ni au silence sur la catastrophe traversée, ni à son récit dans la forme d’une exhibition contrainte. Le temps d’une parole au plus près du corps meurtri – le temps long ou le jaillissement, qui pourrait dire? – c’est cela que nous impose ce film aux accents mystiques

Pourtant et résolument, il affirme que ce dont on ne peut parler, il faut le chanter; ainsi s’étend le domaine de ce qui peut être dit qu’on pensait impossible, inaccessible. Cette délicate mais puissante intuition nous semble une propédeutique joyeuse à notre réflexion sur l’exil et ses récits, sur l’exil et la parole.

C’est peu de dire que face à la violence, à son déchaînement sur les voies migratoires, nous sommes sans voix. Pour peu le silence même serait inaudible. Cela, Cécile Allegra a su le montrer dans son film. Son récit a la douceur et la légèreté que gardent les plumes des anges qui ont été arrachées. Il y a eu, il y a encore la brutalité, il y a eu la sauvagerie qui ébranlent les montagnes sur les chemins migratoires et ouvre la mer menaçante sur ses abysses, mais ce film fait délicatement
place à une « voix de fin silence ». Écoute !

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