D’une femme ayant eu une bibliothèque sur la banquette arrière de sa voiture à une autre qui s’est fracturé le doigt avec les étagères rebelles de sa libraire en passant par les cigarières qui écoutaient des livres en travaillant, le film est un chant à toutes ces femmes.
Contre le feu, l’eau, les mites, la poussière, l’ignorance et le fanatisme, une armée anonyme de femmes lutte pour prendre soin des livres : une résistance intime, sans épique, sans révolution ni armes.
Le premier long-métrage de Maria Elorza, la réalisatrice basque, un documentaire poétique et expérimental, consolide la collaboration avec Marian Fernández (Txintxua Films), productrice, de ces deux passionnées de cinéma et de lecture.
La productrice Marian Fernandez (Txintxua Films) et la réalisatrice Maria Elorza, qui se lance dans le long-métrage avec “A los libros y a las mujeres canto”, ont répondu à questions de Cineuropa à quelques heures de la première, dans la section New Directors du 70e Festival de San Sebastian, d’un film dont elles nous décrivent ici la nature particulière.
D’où vous est venue cette envie de raconter des histoires sur les livres et les femmes ?
M. E. : D’une anecdote qui apparaît dans le film : ma mère a eu un accident domestique avec sa bibliothèque, qui lui est tombée dessus. À moitié en plaisantant, à moitié sérieusement, je l’ai filmée en train de raconter les effets de l’accident, après quoi je lui ai posé des questions sur sa relation avec les livres, sur le rôle de la littérature dans sa vie quotidienne, et puis j’ai continué d’enquêter sur ce thème.
J’ai donc décidé d’élargir à d’autres personnages et d’aller chez ses amies, pour voir quels livres elles ont, comment elles les considèrent et cohabitent avec eux. Et c’est là qu’on a commencé à voir qu’il y avait la matière pour faire quelque chose de plus sérieux, et c’est ainsi qu’on a monté le projet peu à peu pour arriver à ce résultat final.
Il est difficile à définir : c’est un collage, une expérimentation, un hommage…Son charme ne réside-t-il pas dans sa nature hybride ?
M. E. :Il est difficile de définir ce qu’est ce film. Parfois, j’utilise le mot de chant qui est dans le titre, que j’aime beaucoup, qui ne dit rien de son genre, mais qui indique son intention : il prétend être un chant, tant dans le sens d’hommage que pour la présence de la parole orale, la musique et la chorégraphie.
Il déborde aussi de joie et d’humour, ce qui est peu habituel en documentaire.
M. E. : J’aime me faire plaisir en faisant des films, et je souhaite que les spectateurs aussi passent un bon moment, et à cet égard, l’humour aide beaucoup. Si je décide d’aborder un sujet comme la littérature et que je fais ma sérieuse…, il va en sortir quoi ?! Je voulais que ce soit un film qui permette d’apprendre des choses, pour le grand public, qui lui permette de passer un bon moment et de vivre d’autres émotions, tout en s’enrichissant.