Une poste à la Courneuve

  • Dominique Cabrera
1994
55min

Synopsis

Disponible en consultation gratuite sur place

À la poste, les habitants de La Courneuve viennent toucher leurs allocations et le RMI. L’argent circule, l’argent manque. Les jeunes postiers, salariés ordinaires, reçoivent de plein fouet le choc de la pauvreté de l’autre.

Mots clés : 
  • Banlieue
  • Emploi
  • Pauvreté
  • Précarité
  • Quart Monde

À la poste, les habitants de La Courneuve viennent toucher leurs allocations et le RMI. L’argent circule, l’argent manque. Les jeunes postiers, salariés ordinaires, reçoivent de plein fouet le choc de la pauvreté de l’autre.

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une poste à la courneuve - dominique cabrera - le lieu documentaire

À PROPOS DU FILM | EXTRAIT D’UN ENTRETIEN AVEC DOMINIQUE CABRERA

« Au départ, une logique de constat. Pas d’interview, pas de commentaire, pas de scénarisation, observer ce qui se passe entre les postiers et les clients dans une poste de la banlieue parisienne.

L’équipe s’immerge dans la file d’attente et se fait vite oublier : l’enjeu de l’argent qui manque, du RMI qu’on a urgence à toucher, de la pension qui tarde, est autrement plus fort que la présence de quatre techniciens.

« L’assiduité de la caméra fait même qu’elle devient une amie : on la prend à témoin, on lui confie des bribes de son histoire, on l’interroge : “où va l’argent ? ” La crise est là, avec toutes les nuances de la misère.

De l’autre côté de la vitre, face à cette souffrance à laquelle ils ne peuvent remédier, les postiers sont mal à l’aise. Ils ne sont pas là par vocation, mais par nécessité. Eux aussi subissent le poids de la situation économique dont ils observent, impuissants, les effets. Ils assument tant bien que mal leur rôle de représentants de l’État, l’État, grand responsable et dernier recours, quand rien ne va.

Dans la description sans voyeurisme de ce petit morceau d’humanité, le film se met au service d’une réalité qui fictionne d’elle-même et nous en dit long sur les malaises de notre société. »

« Dans le film, on cherchait les points de rencontre entre eux et nous, justement, les moments où naît une espèce de sentiment d’étrangeté. Nous, les salariés, les gens qui sont dans le bateau, à quels moments se sentent-ils proches de ceux qui sont de l’autre côté de la vitre et à quels moments se sentent-ils vraiment différents ? Dans les méandres administratifs, il y a beaucoup d’occasions de mépriser celui qui est derrière la vitre. Les moments de mépris, ou d’énervement ou de colère ne sont pas occultés, mais il y a aussi des moments de sympathie, de connivence, de solidarité. Je crois que c’est vraiment le sujet de film : comment on est du côté des inclus ou des exclus. Comment on tient à sa sécurité aussi, finalement. »

Extrait de « La solidarité, ça n’est pas si facile ».
Entretien avec Dominique Cabrera, par Mathieu Lilian, Mouvements 3/2003 (n° 27-28), p. 65-72.

Dominique_Cabrera-le lieu documentaire

Dominique Cabrera est née à Relizane, en Algérie. Après des études de lettres et de cinéma (IDHEC) en France, elle y retourne pour réaliser en 1991 son premier documentaire, sur des pieds-noirs devenus citoyens algériens : « Rester là-bas ». Puis elle s’intéresse aux banlieues dans « Chronique d’une banlieue ordinaire », puis « Une poste à la Courneuve » en 1994, qui évoque les rapports entre des agents du service public et les habitants de la cité des 4000.

L’année suivante, elle amorce son passage à la fiction avec son film « Demain et encore demain(journal 1995)« , suivi par « L’Autre Côté de la mer » avec Claude Brasseur et Roschdy Zem, Nadia et les Hippopotamesavec Ariane Ascaride et Thierry Frémont, puis « Le Lait de la tendresse humaine », et « Folle Embellie » en 2004 avec Miou-Miou et Jean-Pierre Léaud.

Elle adapte ensuite la série noire de Marc Villard « Quand la ville mord » et tourne « Ça ne peut pas continuer comme ça ! » une fiction politique librement inspirée de la crise de la dette. Elle réalise ensuite « Corniche Kennedy », l’adaptation du roman de Maylis de Kérangal, et, en 2013, elle sort « Grandir », son essai autobiographique multiprimé.

En 2019, en pleine crise des Gilets Jaunes et lors de la Marche contre les violences faites aux femmes, elle filme ces événements avec son téléphone portable et en fait deux courts documentaires : « Notes sur l’appel de Commercy » et « Je marche avec #NousToutes ».

Elle a réalisé Je ne lâcherai pas ta main, un court métrage à la mémoire des migrants disparus dans la Manche en novembre 2021 et a plusieurs projets documentaires et de fiction en production.

En 2023, elle réalise Bonjour Monsieur Comolli. Quelques mois avant sa mort, Jean-Louis Comolli et Dominique Cabrera se retrouvent pour quelques libres conversations avec Isabelle Le Corff. On parle du cinéma, de la vie, de l’amour, de la mort et du Chassagne-Montrachet. On rit. On sourit. On n’est pas sérieux quand on a quatre-vingts ans.

En 2025, son film « Le cinquième plan de « La jetée » est disponible sur Arte tv (jusqu’au 2 novembre 2025) avant de sortir en salles.

Par ailleurs, Dominique Cabrera a enseigné à Harvard, à la Fémis et à la Sorbonne et joué au cinéma pour Marie-Claude Treilhou, Antony Cordier et Élise Girard.

(Source :KuB [KulturBretagne]. Notice biographique mise à jour en août 2025)

+ Consulter l’ouvrage Dominique Cabrera – L’Intime et le Politique

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