Prix Nobel de littérature en 1988, l’égyptien Naguib Mahfouz est l’auteur le plus populaire du monde arabe. Autour d’un entretien qui manifeste l’humanité et l’optimisme résolus de l’écrivain (pourtant victime d’un attentat intégriste en 1994), défilent des images du Caire hier et aujourd’hui, en particulier de Gamaliyya, ce vieux quartier de son enfance dont il a fait l’épicentre de son oeuvre.
Né en 1911 (et mort en 2006) dans une famille petite bourgeoise pour laquelle l’islam est le seul ciment culturel, Naguib Mahfouz assiste en 1919 au soulèvement contre le protectorat anglais. Cet événement est à l’origine de son intérêt puis de son engagement politique. Voyant dans la lutte de Thèbes le premier mouvement nationaliste égyptien, il écrit tout d’abord trois romans “pharaoniques”. Mais il comprend que l’histoire lui sert de masque pour parler du présent. S’essayant à tous les genres narratifs, il va alors se consacrer à dépeindre en profondeur la société égyptienne contemporaine et son évolution. Ainsi son oeuvre maîtresse, la trilogie Impasse des Deux-Palais, relate le déclin d’une famille bourgeoise cairote ancrée dans la tradition qui, de 1917 à 1944, voit l’Egypte basculer dans la modernité.
(Myriam Bloedé)
