Il est temps d’atterrir

  • Raphaël Girardot
  • Vincent Gaullier
2022
93min

Synopsis

Bruno Latour était un philosophe de l’écologie, un penseur de terrain. Aujourd’hui disparu, ses paroles continuent de circuler sur le web et entrent en écho avec celles de Laurence, Jérôme, Oumy et d’autres encore. Ces « Terrestres » s’essayent, depuis un champ du Finistère, une cité en Wallonie, aux abords d’un port du Sénégal ou aux pieds des Alpes, à décrire leur territoire, explorent leurs liens de dépendance, tentent de marier géologie, biologie et sociologie. Chacun à leur manière, ils et elles participent de l’émergence d’une classe écologique. Un élan que Bruno Latour appelait de ses vœux : de cette de prise de conscience, se mettra alors en place un rapport de force pour défendre un monde habitable.

Mots clés : 
  • Agriculture
  • Développement durable
  • Écologie
  • Géologie
  • Nature
  • Philosophie
  • Politique
  • Relation homme-nature
  • société
  • Sociologie

Bruno Latour était un philosophe de l’écologie, un penseur de terrain. Aujourd’hui disparu, ses paroles continuent de circuler sur le web et entrent en écho avec celles de Laurence, Jérôme, Oumy et d’autres encore. Ces « Terrestres » s’essayent, depuis un champ du Finistère, une cité en Wallonie, aux abords d’un port du Sénégal ou aux pieds des Alpes, à décrire leur territoire, explorent leurs liens de dépendance, tentent de marier géologie, biologie et sociologie.

Chacun à leur manière, ils et elles participent de l’émergence d’une classe écologique. Un élan que Bruno Latour appelait de ses vœux : de cette de prise de conscience, se mettra alors en place un rapport de force pour défendre un monde habitable.

Un vent d’idéalisme plane sur ce film

« L’écologie, c’est la nouvelle lutte des classes » (Bruno Latour)

NOTES D’INTENTIONS DES RÉALISATEURS (EXTRAITS DU DOSSIER DE PRESSE)

C’est en complicité avec Bruno que nous avons construit notre projet. Entre 2018 et 2020, nous avons échangé avec lui, réfléchi ensemble sur la forme et le fond, comment aborder sans complexe ce travail d’intellectuel iconoclaste sur “le nouveau régime climatique” par le biais de ses travaux pratiques.

Expliquant notre approche cinématographique, par une caméra immersive et proche des gens – ici les « expérimentateurs » multiples et variés -, nous avions suscité son intérêt. Montrer plutôt que démontrer, par une caméra à l’écoute et en empathie, par un filmage à la recherche du partage de sensations pour expérimenter à notre façon les procédures de réflexions collectives. Voilà de quoi nous discutions quand le covid puis sa maladie ont empêché nos rencontres et nous ont obligés à revoir sa place dans le film.

Mais Bruno reste bel et bien une voix et un visage de ce film. Confiné chez lui, il a multiplié les conférences en visio, les Zoom interpersonnels, les rencontres et interviews en distanciel. Il a ainsi « ensemencé » le web de ces moments, en toute simplicité et en toute complicité.

Comme avec cette proposition, qu’il fait, dès les premières semaines de la pandémie : « Imaginons les gestes-barrières contre le retour à la production d’avant-crise. » Il propose à qui le veut bien de répondre à un questionnaire – un nouvel exercice ! – pour renseigner « les activités dont vous êtes privés du fait du confinement et que vous seriez prêt à abandonner définitivement, et les autres que vous voudriez voir développer. »

Repenser notre modèle politique et social

Cet exercice entrait bien évidemment en écho au trouble que nous partagions tous durant ces journées de confinement. Et qui continue de nous habiter tous, avec en résumé cet énoncé « post covid » de Bruno : « les Etats ont eu la légitimité nécessaire pour limiter l’activité économique ou la circulation des personnes au nom d’impératifs sanitaires. Pourquoi alors ne pourraient-ils pas en faire autant avec les questions climatiques et la dévastation qui nous attend ? ». Cela impose indéniablement de repenser notre modèle politique et social.

« Il est temps d’atterrir » va dans ce sens : documenter dans différents lieux de partage d’expériences ce nouveau lien entre nécessité et capacité, véritable moteur pour agir. Ces personnes sur la montagne de Barcelonnette dans un tiers lieu en Belgique, en forêt sur le plateau de Millevaches, aux abords d’un port du Sénégal… dégagent une énergie où nous percevons la volonté et la possibilité de réorienter nos conditions de vie, en posant les détails de nos existences quotidiennes, en apprenant à trier avec soin.

Nous nous concentrons sur ces groupes constitués pour sonder cette nouvelle conscience de classe. Une classe qui ne se définit plus en fonction des positions des individus dans le processus de production qui caractérisait les sociétés industrielles, mais selon les territoires dont ils dépendent pour satisfaire leurs besoins vitaux.

Cette “classe écologique” qui doit permettre d’organiser un nouveau rapport de force et ainsi organiser une future ligne politique, Bruno en parlait ainsi dans une archive de 2021, un Zoom depuis le grenier de sa maison dans l’Allier. Bonnet vissé sur la tête et vieille doudoune sur les épaules, grands gestes devant le grand angle de la caméra de son ordinateur, œil espiègle et sourire aux lèvres : « Il faut construire une conscience de classe écologique qui permette à chacun de comprendre qu’il entre en lutte contre d’autres classes qui sont en train de bousiller ses conditions d’existence en vivant “hors sol” par leur niveau de consommation de pétrole et de ressources naturelles, la dégradation des écosystèmes qu’implique leur mode de vie, etc. » Et de lancer : « L’écologie, c’est la nouvelle lutte des classes ».

Il est clair que cette nouvelle lutte des classes a nourri notre désir de film, poursuivant notre démarche de réalisateurs. Dans chacun de nos documentaires, nous donnons la parole à des personnes qui se confrontent, se heurtent souvent à l’état de fait. Qu’ils soient exilés, tout juste arrivés en France, dans Que m’est il permis d’espérer, ou ouvriers en abattoir dans un autre long métrage, Saigneurs, ou encore paysan en reconversion dans Le lait sur le feu, tous réfutent le « c’est comme ça ». Leurs paroles, par le partage de leurs expériences où l’intelligence collective est à l’œuvre, remettent en question des pans de notre société. Ainsi, dans Saigneurs, des hommes « enchaînés » à leurs postes portent un regard aussi clairvoyant sur leurs conditions de travail désastreuses, que fier sur leur métier. Plusieurs voix, une parole. Nous croyons à la force du groupe pour créer le commun et lutter une nouvelle fois contre les discours conservateurs qui voudraient faire croire que “le monde marche comme ça”.

Un vent d’idéalisme plane sur ce film. À rencontrer, de séquences en séquences, nombre de ces “expérimentateurs” et autres “usagers” de la pensée de Bruno, nous espérons convaincre que les collapsologues et autres sombres Pythies ont tort : ce n’est pas la fin du monde.

Raphaël Girardot et Vincent Gaullier se rencontrent en 2000, sur l’émission de documentaires scientifiques d’Arte, « Archimède ». En 2002, ils ont fait la connaissance d’un éleveur « en résistance ». Raphaël filmait déjà, Vincent se formait au son ; leur premier jour de tournage du « Lait sur le Feu » sera un baptême.

20 ans et 5 films plus tard, chaque projet est toujours un désir commun. Les repérages, l’écriture se partagent. Sur le tournage, l’équipe est toujours réduite aux deux coréalisateurs.

« Que m’est-il permis d’espérer », (Iskra, IRD, Proarti, la huit, Look at Sciences – sortie en salle en 2021) Grand prix, Festival du film social 2021),

« Saigneurs », (Iskra, Mille et une film – sortie en salle 2016) Sélectionné au Festival de Douarnenez et au Cinéma du Réel Sortie en salles en mars 2016,

« La ruée vers l’Est », (documentaire de 60’, LA LUNA, 2010) 15 agriculteurs belges et français partent en Roumanie à la recherche de nouvelles terres. Festivals de Traces de Vies (Vic le Comte), Résistance (Foix), Arrimage (Paris), Doclisboa (Portugal),

« Atome sweet home » , (Ex Nihilo / CNRS Images / Cerimes, avec France Télévision) Sélection Pariscience 2015

« Le lait sur le feu », (Iskra Production et France 3 Ouest, 90 minutes). Prix du Jury au Festival Caméra des champs, 2007. Mention spécial du Grand jury au Festival du film éducatif à Evreux, 2007. Sélectionné aux Escales Documentaires de la Rochelle, Festival de Douarnenez, Festival du Film Francophone de Namurs, Rencontres de Mellionnec, Festival du Nouveau Cinéma de Montréal…

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