Je ne nie pas la douleur de mon père, celle de ses frères. Je ne nie pas le déchirement de la perte du pays de leur enfance, de leur jeunesse, la blessure de la disparition de leur frère… Je reconnais leur chagrin légitime. Mais ce drame de l’Algérie a pris trop de place. Enfants, nous les avons considérés comme de grands malades, des malades de chagrin, chargés de leur peine. Nous avons tous eu des pères absents, l’un disparu, les autres fantômes bienveillants auprès de nous. Silencieux, comme tenus au secret. Aujourd’hui, je pense qu’il aurait pu en être autrement.