« Sur les traces de Robert van Gulik » de Rob Rombout

Sur les traces de Robert van Gulik est un documentaire sur l’un des écrivains néerlandais les plus lus au monde, Robert van Gulik (1910-1967). Ce diplomate, écrivain et scientifique néerlandais était un homme aux multiples talents et un connaisseur des langues et cultures japonaises et chinoises. Il doit sa réputation à ses romans policiers mettant en scène le juge Ti.

Le cinéaste Rob Rombout part à la recherche des traces que l’écrivain a laissées dans les journaux intimes, inspirations et témoignages. Sa longue quête le mène aux Pays-Bas, en Indonésie, au Japon, aux États-Unis et en Chine où il rencontre des témoins et adeptes du juge Ti et de Van Gulik. Ces personnes contemporaines et particulières dont la vie a changé après avoir découvert son univers s’inspirent de l’écrivain, du scientifique et du diplomate qu’était Van Gulik.

La vie de Robert van Gulik se lit comme ses romans. Dans bien des domaines, ces derniers sont des projections de sa propre vie. Lors de l’une de ses rares interviews, Van Gulik laisse d’ailleurs échapper « Le juge Ti, c’est moi… ». La frontière entre la réalité et la fiction est dès lors très mince pour le personnage de Robert van Gulik. L’approche cinématographique de ce documentaire allie réalité et fiction ; il lui arrive parfois de mélanger discrètement le passé et le présent…

Le récit narratif est la recherche dans laquelle le cinéaste nous emmène par des chemins détournés, en restant toujours sur les traces de l’écrivain. Nous embarquons à bord d’un avion, d’un bateau et parfois même d’un train, car l’écrivain y était souvent obligé à son époque. Le film est construit selon une structure (souvent discontinue) alternant les fragments de journaux intimes et les interviews stylées. La voix du réalisateur respecte parfaitement les textes des journaux intimes de l’écrivain.

Le défi consistait à faire revivre un écrivain disparu en recourant à des images actuelles (du présent), mais sans utiliser d’images d’archives illustratives. Le réalisateur propose parfois du matériel issu des archives privées de l’écrivain : des lettres écrites de sa propre main, des manuscripts, quelques fragments de journaux intimes, des lettres, des photos et des films.

Il ne s’agit donc pas d’un film biographique ni d’une reconstitution, mais plutôt d’une quête de traces. Le film propose ainsi une interprétation libre de la vie de l’écrivain et, par moments, il constitue un prétexte pour explorer d’autres thèmes, une porte en ouvre une autre. Le portrait de Robert van Gulik permet d’aborder des sujets tels que la relation entre la fiction et la réalité, l’orient et l’occident, la diplomatie et l’écriture ou encore le romantisme et l’érotisme. Tant le personnage que l’approche représentent un défi : définir la limite du genre documentaire.

La dualité et l’ambiance mystique qui entourent le personnage principal influencent l’approche conventionnelle du film, le faisant continuellement flirter avec les limites du genre documentaire.