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Soazig Chappedelaine - René Vautier - Quand les femmes ont pris la colère - le lieu documentaire01
Le rencard de midiCycle | Le documentaire, engagement citoyen

« Quand les femmes ont pris la colère » de Soazig Chappedelaine et René Vautier

mercredi 11 mars 2026
à 12:30
Le Lieu documentaire, Maison de l'image, Strasbourg

Projection gratuite de « Quand les femmes ont pris la colère » de de Soazig Chappedelaine et René Vautier (76 mn, 1977) suivie d’un échange avec les spectateur·ices, dans le cadre de notre nouveau rendez-vous : « Le rencard de midi » autour d’un classique du cinéma documentaire.

Entrée libre et gratuite, dans la limite des places disponibles.

Info : la salle de projection du Lieu documentaire est accessible aux personnes à mobilité réduite. Des places PMR sont dédiées au premier rang.

  • René Vautier
  • Soazig Chappedelaine-Vautier
1977
76'
  • UPCB - Unité de Production Cinématographique Bretagne

Couëron, Loire-Atlantique. Une usine métallurgique, dépendant du trust Pechiney-Ugine-Külhman. Pour marquer leur solidarité avec leurs maris en grève, des femmes de travailleurs envahissent le bureau du directeur et obtiennent en deux heures ce qu’on leur refusait depuis des mois. Mais la direction porte plainte. Douze d’entre-elles seront inculpées de séquestration. La mobilisation s’élargit alors.

Pour élargir le soutien, les femmes font appel à l’Unité Production Cinéma Bretagne (UPCB), pour faire un film sur leur lutte. Un film qui reste d’un réel intérêt pour toutes celles qui luttent pour relier le combat féministe au combat d’ensemble pour une transformation de la société. La lutte et le film se mêlent, et les femmes parlent d’elles-mêmes, et de leurs problèmes de couple, de leur vie de famille. Des vies qui vont basculer : engagement politique, ruptures…

Copie restaurée en 2019

Soazig Chappedelaine - René Vautier - Quand les femmes ont pris la colère - le lieu documentaire- aff

La coopérative de production UPCB (Unité de Production Cinéma Bretagne) a été créée en 1969 par René Vautier ainsi que Félix et Nicole Le Garrec pour exprimer le point de vue des “colonisés de l’intérieur”. Sa mission est de faire du “cinéma d’intervention sociale”, un cinéma engagé qui doit “faire pénétrer le cinéma militant dans les structures de diffusion commerciales” : “Nous sommes un haut-parleur; un instrument technique pour que la base puisse s’exprimer dans ses luttes.” Ainsi, quand des ouvriers de Saint-Nazaire préviennent Vautier de la participation des femmes à la grève de Tréfimétaux, c’est tout naturellement qu’une équipe débarque à Couëron pour filmer. Vautier fait appel à sa compagne, Soazig Chappedelaine, pour la réalisation, qu’elle souhaite rapidement consacrer aux douze femmes inculpées pour séquestration.

Ces douze femmes en colère (est-ce un hommage au film de Sidney Lumet ?) vont raconter leur quotidien, l’éducation des enfants et les problèmes de couples inclus. Et de l’intime au collectif, Quand les femmes… inscrit la lutte féministe dans un combat d’ensemble pour une transformation de la société. Soazig Chappedelaine remet en question au préalable l’insistance de l’opérateur sur la photogénie de Marilène, l’une des douze femmes à la verve précise et aux yeux perçants. Soazig admettra ensuite que le caméraman a eu raison de suivre ses prises de parole car la rhétorique de Marilène éclaire avec une grande cohérence la subordination des ouvriers, et d’autant plus celle des femmes d’ouvriers, aux inégalités de classe qu’engendre le capitalisme. Des images sur les barbelés de l’usine s’ajoutent en contrepoint du discours de Marylene sur les violences conjugales et sa rage de ne jamais voir les couples d’ouvriers dans le cinéma français, trop concentré sur la bourgeoisie.

Enfin, le film souligne les divergences de vue entre un syndicalisme encore très masculin, et un féminisme porté par des femmes encore minoritaires et peu considérées dans l’appareil syndical. Seules deux femmes parmi les inculpées sont encartées ou syndiquées. Au-delà du simple constat, raconter le double système d’oppression de la femme d’ouvrier (l’inégalité sociale et l’inégalité de genre) est une véritable prise de position en faveur des femmes, notamment pour un cinéaste inscrit au syndicat des techniciens du film de la CGT. Chappedelaine et Vautier proposent encore une vision nuancée de la lutte. 18 mois après les faits, le constat est parfois amer : rupture, divorce, chômage… Comme si les femmes en demandaient trop ou avançaient trop vite : “Les femmes poussent des portes et les hommes ont peur de rester coincés.”

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Soazig Chappedelaine-Vautier-le lieu documentaire
René_Vautier_le lieu documentaire

SOAZIG CHAPPEDELAINE

Réalisatrice, Ingénieure du son.

Filmographie sélective

« Quand les femmes ont pris la colère » de Soazig Chappedelaine et René Vautier (1978), « Le pull-over rouge » de Michel Drach (montage) (1979), « Ali Farka Touré: Ça coule de source » de Yves Billon et Henry Lecomte (montage) (2000)et « Algérie, Mémoires du Raï » de Djamel Kelfaoui (montage) (2001).

 

RENÉ VAUTIER

René Vautier, cinéaste breton, communiste et décoré en 1944 de la Croix de guerre pour son engagement dans la Résistance à seulement 16 ans, est une figure du cinéma militant français. À travers une soixantaine de films – dont certains ont été détruits, il a dénoncé le colonialisme, soutenu les maquisards algériens, donné la parole aux « sans-voix » de France et d’ailleurs, fut censuré et même, emprisonné. Avoir 20 ans dans les Aurès, son œuvre la plus connue récompensée par le Prix de la Critique internationale à Cannes en 1972, est un « documentaire reconstitué » sur la guerre d’Algérie.

Biographie sur le site des Yeuxdoc

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