
Karine Marsilly est arboriste élagueuse grimpeuse depuis 20 ans. Installée près de la commune de Saint-Lô en Basse Normandie, elle est l’une des premières femmes à s’être formée à ce métier et est devenue une référence dans son domaine.
Ce film raconte l’histoire d’une femme libre qui dédie sa vie à la protection et à la sauvegarde des arbres. Karine a appris le langage des arbres dès son plus jeune âge. Elle les soigne et les chérit comme s’ils faisaient partie de sa famille.
Nous partirons en sa compagnie à la rencontre des arbres, pour tisser de nouveaux liens avec le vivant qui nous entoure, pour imaginer de nouvelles manières d’être au monde.



MON CHEMIN VERS LES ARBRES ET VERS KARINE
par Damien Fritsch, réalisateur
Quand j’étais enfant, je construisais des cabanes dans les arbres et j’aimais me lover dans leurs branches. J’avais la chance d’avoir des grands-parents paternels qui possédaient des vergers et même des petites forêts dans lesquelles je me perdais sans jamais avoir peur. Par mauvais temps, j’adorais m’y rendre pour observer le balancement des sapins et écouter le mugissement du vent dans les cimes. Je me souviens aussi de l’odeur de leur sève et de l’humus qui flottait à leurs pieds.
Plus tard, je me suis installé dans une maison située « rue des Tilleuls ». Dans le terrain d’à côté, il y avait un verger que j’ai sauvé des promoteurs immobiliers. Quand ma fille est née, j’ai planté un tilleul comme le faisait à l’époque les Amérindiens à la naissance d’un enfant, en signe de protection pour sa vie. Une manière aussi pour moi d’honorer ma rue des Tilleuls.
Pour le faire-part de naissance, j’ai envoyé ce poème de Prévert à mes amis :
« En Argot
les hommes appellent les oreilles
des feuilles
c’est dire comme ils sentent que
les arbres connaissent la musique
Mais la langue verte des arbres
est un argot bien plus ancien
Qui peut savoir ce qu’ils disent
lorsqu’ils parlent des humains
Les arbres parlent arbre
comme les enfants parlent enfant
Quand un enfant
de femme et d’homme
adresse la parole à un arbre
l’arbre répond
l’enfant entend… »
Je me rends compte aujourd’hui que depuis tout ce temps se tisse un lien étroit avec le végétal mais encore plus spécifiquement avec les arbres. Citadin malgré moi, je n’en oublie pas mes origines terriennes ou, pour le dire autrement, la conscience des arbres est inscrite en moi.
Durant l’été 2022, en cherchant dans une librairie des livres sur les arbres, je tombe par hasard sur le livre de Karine Marsilly, « Ma vie avec les arbres ». Le sous-titre m’intrigue : « Carnet d’une arboriste ». Je n’avais jamais entendu parler d’elle. J’achète le court ouvrage par curiosité, d’autant plus qu’il contient de nombreux conseils pratiques pour tailler et soigner les arbres.
Je lis le livre d’une traite et j’y retrouve l’enfant que j’étais, amoureux des arbres, mais aussi l’adulte que je suis aujourd’hui, taraudé par la question du respect du vivant. C’est aussi en tant qu’homme que le livre me touche, admiratif du combat de Karine pour trouver sa place dans un monde encore très testostéroné.
J’ai tout de suite envie de contacter Karine pour la rencontrer. Je lui laisse un message sur son répondeur. Elle me rappelle le soir même avec une voix très engageante et curieuse de mon enthousiasme. Notre échange est chaleureux, spontané et sans détour. Elle m’invite à venir voir son travail de plus près. J’accepte avec joie et pars la rejoindre plusieurs jours à l’automne 2022.
La ferme, les champs, la nature que je découvre dans ce hameau de Basse-Normandie ne me semblent ni insolites, ni hostiles, encore moins exotiques. Il y a une harmonie, une quiétude, une force qui règnent, à l’image de ce que dégage Karine. C’est une femme directe, franche et souriante avec des grandes mains calleuses et musclées. Je sens que nous parlons la même langue et que nous faisons partie de la même famille.

« Les arbres sont mes patients. »
Une table, une chaise ou encore du bois de chauffage : dans nos sociétés toujours plus urbaines, nous sommes confrontés à l’arbre d’abord en tant qu’objet.
Déconnectés de la nature, nous avons tendance à oublier qu’il s’agit avant tout d’un être vivant : un être complexe, sensible et fragile, dont il faut prendre soin.
C’est tout le sens du métier de Karine Marsilly, arboriste-grimpeuse, élagueuse ou encore « généraliste de l’arbre ». Telle une doctoresse, entre diagnostic, traitement et remise en forme, son regard singulier examine chaque arbre dans sa globalité, de la cime de son feuillage à ses racines profondes sans oublier ses relations avec l’environnement. En appelant à considérer l’arbre comme un patient, comme un être sensible, elle nous invite à redéfinir notre rapport au vivant.
Le récit d’une vie au service des fragiles et paisibles géants qui nous entourent, accompagné de conseils pour prendre soin des pensionnaires de son jardin.
À propos de l’autrice
Née en 1974, Karine Marsilly consacre sa vie à soigner et embellir les arbres. Elle intervient dans les communes pour sensibiliser la population à l’importance des arbres dans l’environnement. Elle vit en Normandie.
« Le parcours atypique [d’une] passionnée d’arbres […], ponctué d’anecdotes. » Ouest-France
« Une pionnière dans une profession jusque-là réservée aux hommes. » La Gazette de la Manche

Auteur-réalisateur, né en 1963 à Obernai
Après une Maîtrise d’ethnologie à l’Université des Sciences Humaines de Strasbourg, Damien Fritsch a enseigné la pratique du cinéma de 1995 à 2022 dans la section Cinéma du Lycée de Wissembourg, dans la licence et le master pro documentaire à l’UFR Arts de Strasbourg.
De 2017 à 2022, il été membre de la commission audiovisuelle de la Scam (Société civile des auteurs multimédias)
Filmographie sélective
CITOYEN SYAMAK
Du matin au soir, Syamak sillonne Strasbourg à vélo. De l’hôpital civil où il est médecin urgentiste, il se rend à son bureau d’élu en charge du logement, en passant par un squat de SDF en périphérie. A l’approche des élections municipales où il s’est engagé sur la liste écologiste et citoyenne, la cadence s’accélère…
2022, documentaire, 80’
diffusion : Via Vosges
EXACT MUSIC
Portrait de trois jeunes percussionnistes qui finissent leur parcours de musicien au sein du département des percussions du Conservatoire de Strasbourg. Une année pour se préparer à prendre son envol vers une future carrière de soliste ou de musicien d’orchestre.
2019, documentaire, 92′
diffusion : Réseau des TV du Grand Est (Alsace20, Vosges TV, Mirabelle, Télé 32)
TANT LA VIE DEMANDE A AIMER
Catherine, Charles, Dorian et Océan sont de jeunes polyhandicapés. Ils n’ont ni la parole pour s’exprimer ni la marche pour se déplacer. En famille ou dans leur institution, ce film montre ces enfants vivre leurs relations au monde.
2016, documentaire, 59′
diffusion Alsace 20 , Vosges Télévision
Festivals : Traces de vie, 37ème festival Psy de Lorquin.
C’EST MA VIE QUI ME REGARDE
Alice vit seule chez elle depuis la mort de son mari il y a trois mois. Elle est venue me voir, moi son voisin, pour me dire qu’elle voulait rester dans sa maison. Nous avons tout organisé pour que le maintien à domicile se réalise. Alice me livre ses pensées, des réflexions éparses sur sa vie, sur sa fin proche.
2015, documentaire, 102’
diffusion : Mosaïk TV
Festivals : Cinéma du réel : mention des jeunes et mention des Bibliothèques, Traces de vies, prix du regard social, Perso Film Festival (Pérugia, Italie), Anuru Aboro (Nouvelle Calédonie)
SARAJEVIENS
Plus de vingt ans après le siège de Sarajevo en 1992, alors que toutes les caméras du monde ont détourné leurs objectifs, qui sont aujourd’hui les Sarajéviens ? Comment se projeter dans le futur lorsque les fondements de ce qui crée une société ont éclaté ?
Un voyage, de visages en lieux, dans une ville en pleine mutation.
2013, long-métrage documentaire, 102’
Sortie en salles juin 2014
Festivals : 29èmes rencontres de Gindou