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« Funambules » de Ilan Klipper

jeudi 25 septembre 2025
à 18:30
Le Lieu documentaire, Maison de l'image, Strasbourg

Projection du film « Funambules » de Ilan Klipper (1h15, 2020, Sélection Acid Cannes 2020) proposée par l’association GEM Aube et Le Lieu documentaire, suite à un atelier de programmation avec les adhérent·es de GEM Aube.

Une projection – débat dans le cadre du cycle consacré à la santé mentale qui a lieu en septembre et octobre 2025 à Strasbourg, organisé par le Lieux documentaire, GEM Aube, Adenüm, la Maison de la santé mentale et d’autres partenaires.

Entrée libre et gratuite, dans la limite des places disponibles.

Info : la salle de projection du Lieu documentaire est accessible aux personnes à mobilité réduite.

  • Ilan Klipper
2020
75'
  • Les Films du Bal

Quelle est l’épaisseur du mur qui nous sépare de la folie ? Personne ne sait de quoi il est fait. Personne ne sait jusqu’à quel point il résiste. Aube, Yoan, Marcus, eux, ont franchi le seuil. Ils vivent de l’autre côté du miroir.

L’AVIS DE TËNK

Ne sommes nous pas tous funambules face aux multiples choix et sollicitations de nos vies ?
Les personnages filmés par Ilan Klipper le sont assurément, touchés par de profondes secousses sur leur corde. Le choix du cinéaste est d’aller au delà de l’empathie et de l’explication.

Si le film présente souvent les protagonistes en dialogue face à un ami, un confident, ou du personnel institutionnel, la réalisation valorise nettement par ses cadres, lumières ou commentaires musicaux des moments de climax en décalage avec le témoignage brut. Ces diverses situations mettent en valeur des échappées où les êtres, se jouant de leurs obsessions, chantent, dansent, rappent, slament etc…

Le film devient la scène où toutes ces vérités individuelles expriment la même urgence vitale, qui ne peut que contaminer le spectateur.

— François Waledisch, ingénieur du son

PAROLE DE JEUNE AMBASSADEUR (ACID)

Gare à celui qui résumerait le film « Funambules » à un documentaire sur les fous.

Certes, c’en est peut-être un, mais ce film est également bien tout autre chose. C’est un film qui prend ses sujets comme acteurs de l’œuvre.

Les funambules (Aube, Yoan, Marcus notamment) sont ceux qui marchent délicatement sur le fil tendu de la conscience, mais qui en regardant vers le bas ne voient pas le public effaré mais bien des punks, leur famille ou encore des objets à n’en plus savoir qu’en faire.

Le film nous permet de nous poser la question de l’expression. Comment s’exprimer, comment exprimer ce que l’on a sur le cœur, dans la tête ? Et comment nous faire comprendre des autres, des gens « normaux » ?

Et nous plongeons entièrement dans leur monde, dans leur point de vue avec une grande délicatesse, remarquablement mise en scène par le réalisateur. Malgré une certaine distance gardée par le film, nous suivons ces personnages qui dans la vie de tous les jours nous auraient sûrement effrayés. On danse, on rit, on s’engueule, bref, on vit avec eux.

Cette délicatesse et le traitement respectueux des personnages nous permet de rire là où nous aurions sûrement pleuré.

— Mickaël Adarve

« Je ne fais pas des films pour changer le monde, je ne me définis pas comme un militant. Mais, malgré tout, au fil du temps, j’aimerais que mes films puissent aider à avoir un peu plus de curiosité envers ceux que je filme. » — Ilan Klipper

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Entretien avec Ilan Klipper (extraits)
par Thomas Laborde (espaceinfimier.fr)

Un documentaire sublime la poésie de ceux que la société dit fous

Dans « Funambules », il n’est pas question de pathologies, d’établissements de santé mentale, mais des univers personnels de chacun…

L’idée, ce n’était pas de décrypter telle ou telle maladie mais de plonger dans l’univers psychique de ceux qui entendent des voix ou ont des hallucinations, sans les stigmatiser. J’avais juste envie de donner à voir, à mon échelle, ce qui leur passe par la tête. Quand on ne les connaît pas, on a l’impression que les gens qui parlent tout seul dans la rue sont un peu effrayants. Je voulais montrer qu’il ne faut pas forcément se méfier de ceux qui ont des comportements un peu atypiques. Ce qui me fascine, c’est comment ces personnes peu adaptées composent, comment on vit en société quand on est en crise, atteint d’une pathologie mentale.

Comment s’est passé le tournage ?

Dans l’ensemble, les personnes étaient contentes de voir que quelqu’un s’intéressait à elles, contentes de vivre une aventure différente. Elles sont seules, ont peu de perspective. Quand un cinéaste arrive avec un projet qui leur donne la possibilité de s’exprimer, c’est très excitant ! J’ai toujours été bien accueilli.

En quoi pourrait-on les aider à mieux vivre au quotidien ?

Ce sont des gens qui, comme tous, ont besoin de soutien, d’attention, de gagner leur vie. Le problème, c’est que les personnes atteintes de pathologie finissent par épuiser leur famille, elles sont seules, elles ne peuvent pas trop travailler. Si on pouvait déjà améliorer leurs conditions d’existence sociale, financière, ça irait déjà beaucoup mieux. Quand on est malade, le fait d’être en plus précaire et isolé, ça empire tout.

Quel regard portez-vous sur l’état du secteur de la santé mentale, sur la considération pour les patients, les soignants ?

Dans chaque établissement, dans chaque service, il y a des gens qui aiment leur métier et qui essayent de le faire au mieux. En termes de ressources, de places, il manque des moyens.

Après se pose aussi la question du secteur. Il y a des places que les responsables sont toujours soucieux de garder car on est censé pouvoir accueillir quelqu’un qui est malade, donc les médecins ont tendance à faire sortir les patients un peu vite pour certains. Ils ne se retrouvent pas tout à fait stabilisés à l’extérieur.

Mal accompagnés parce qu’on manque, là encore, de personnes pour les suivre. Donc, ils replongent facilement. Quand on regarde le parcours des malades sur plusieurs années, ce sont des allers-retours incessants entre la maison, l’hôpital, le CMP, des crises, de légères stabilisations et ainsi de suite.

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Ilan Klipper fait son entrée dans le cinéma par le biais du documentaire. Inspiré par le réalisateur Frederick Wiseman, il coréalise avec Virgil Vernier un diptyque sur la police, « Flics » et « Commissariat ».

Sa collaboration avec Virgil Vernier se poursuit avec le court métrage documentaire « Pandore », notamment présélectionné aux César du meilleur court métrage. Il explore ensuite la psychiatrie avec le documentaire Sainte-Anne.

En 2012, sa rencontre avec le chanteur Christophe l’amène à réaliser « Juke-Box », un court métrage de fiction sur la tentative d’un chanteur déchu de renouer avec la création. Le film se termine par l’enregistrement d’un morceau inédit de Christophe.

Après une incursion dans le monde de la justice, avec la web-série « Les Affaires familiales  » pour Arte, Ilan Klipper réalise « Le Ciel étoilé au-dessus de ma tête », son premier long métrage de fiction. Ce film est présenté au festival de Cannes en 2017 dans la sélection Acid, de même qu’en 2020 son documentaire « Funambules », sur la vie quotidienne de trois patients psychiatriques.

Son dernier film, « Le Processus de paix », est une comédie co-écrite avec Camille Chamoux, sortie en salle en 2023.

(source : Tënk)

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